Par COULIBALY, Fatoumata (2002)
Baguineda-Camp est le Chef-lieu d'une Commune Rurale. Situé le long du canal de Sotuba, sa population est estimée à en environ 5.000 habitants. Elle possède les mêmes caractéristiques que la population nationale. En effet, la population y est essentiellement jeune ; les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes ; les taux de natalité et de croissance sont importants.
Cette dernière caractéristique est accélérée par la présence des travailleurs saisonniers dans la plaine irriguée ou des ouvriers temporaires sur les chantiers d'aménagement.
Comme dans la plupart de nos communautés, la paupérisation a favorisé certains problèmes sociaux dont celui des filles-mères. L'Association Sigi diya qui est une initiative propre de certaines femmes de Baguineda venant de milieux socioprofessionnels divers (paysannes, artisanes, bureaucrates) s'est fixée comme objectif la participation de la femme au développement local. Pour y parvenir, elle veut développer des stratégies qui permettent à la femme de se prendre en charge, notamment les jeunes filles parce qu'elles font partie de la couche active.
Les stratégies se reposeront essentiellement sur la formation, l'information et l'alphabétisation.
C'est ainsi qu'elle a ciblé dans son programme la réinsertion des filles-mères. A partir d'un constat de Sigi diya, le phénomène de fille-mère a pris de l'ampleur à Baguineda dans ces dernières années. Cela pour les raisons suivantes :
l'existence de grands chantiers d'aménagement qui accueillent un grand flux de jeunes
gens célibataires et transhumant dont les fréquentations galantes se terminent très souvent par des grossesses non-désirées,
la proximité d'avec la Capitale Bamako (près de 30 km) qui de plus en plus influence
Négativement les comportements de la jeunesse rurale.
L'Association Sigi diya dans son diagnostic a déduit que la majeure partie des filles-mères
et leurs compagnons ignorent le planning familial et les risques des MST dont le Sida. Les filles tombées dans le cas sont en grande partie tout simplement illettrées.
L'Association veut alors passer par les moyens suivants :
la sensibilisation des jeunes gens tout genre confondu par l'organisation des causeries-
débats, d'animations culturelles sur le thème du planning familial et les MST dont le Sida,
la formation aux métiers avec l'aide d'ONG et de bonnes volontés, pour que les filles-
mères puissent se prendre en charge en pratiquant des activités lucratives qui sont la teinture, la fabrication de savon, la conservation et le conditionnement des produits locaux, les activités pastorales et avicoles, le maraîchage, le petit commerce et l'alphabétisation en langues nationales.
Cela s'inscrit fortement dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.
Dès que la fille-mère aura produit, sa réinsertion est non seulement assurée mais son intégration conjugale devient quasi certaine.