Par AIHOU, Désiré (2001)
Parmi les maux dont souffre l’administration publique béninoise, la corruption est sans doute le plus visible. Il n’est plus un secret pour personne qu’au Bénin de très nombreux agents de l’Etat manquent quotidiennement au devoir de probité qui pèse sur tout dépositaire de l’autorité publique.
Pour lutter contre ce mal et donner un peu de crédibilité à notre administration publique, des mécanismes de lutte contre la corruption des agents de l’Etat ont été initiés. La traque des fonctionnaires corrompus a commencé dans les année 1980 avec le renforcement du contrôle des agents de la police, de la gendarmerie et de la douane qui rackettent à tous les coins de rue les automobilistes et les transporteurs de marchandises. La méthode utilisée était simple Les agents contrôleurs remettaient des billets de banques préalablement marqués et facilement identifiables aux automobilistes qui les distribuaient tout au long de leur parcours pour "acheter" leur droit de passage aux barrières de police, de gendarmerie et des douanes. Les contrôleurs des armées passaient à leur tour, opéraient des fouilles à corps pour découvrir les agents corrompus sur lesquels on retrouvait les billets marqués.
Mais très rapidement les agents de sécurité publics ont trouvé la parade à cette méthode. Ils ne recevaient plus directement en poche l’argent de la corruption. Ils demandaient plutôt aux chauffeurs routiers et autres conducteurs, qui constituent des proies faciles, de poser leur rançons dans une "aumônière" soigneusement dissimulée dans un endroit qu’il pouvaient contrôler à distance. Cette parade rend désormais difficile la preuve de la corruption de ces agents. Mais elle n’a pas pour autant freiné la volonté des gouvernements successifs dans la lutte contre la corruption des fonctionnaires. En 1989 une ordonnance présidentielle, qui a force de loi, est venue renforcer l’arsenal juridique de lutte contre la corruption au Bénin en élevant au rang délit aussi bien la corruption passive que celle active.
La cellule de lutte contre la corruption instituée tout récemment par la Président de la République et placée directement sous son autorité et son contrôle vient parachever l’oeuvre de guerre entreprise, par l’Etat lui-même, pour lutter contre ses agents qui distribuent le service public aux prix de "pots de vin". Pour aider cette population peu au fait des procédures de la fonction publique et qui se laisse facilement prendre au piège de la corruption, la Cellule de lutte contre la corruption a édicté un ouvrage sur le "Mode d’emploi de l’Administration publique ". Aussi de nombreuses administrations ont-elles pris des initiatives d’informations des usagers du services publics sur les délais, le coût des différentes prestations à leur rendre.