Par QUENUM Josette, TOFFA IX GBEZE AYONTINME., Hubert M Topanou (Porto Novo, juillet 2008)
Pour le Roi GUEZE TOFFA IX, l’union fait la force. Les apports individuels des rois, des vodounons (dignitaires du culte vaudoun), des chefs traditionnels, des tradi-thérapeutes réunis, pourraient permettre le développement du continent noir. Les rois pourraient, par exemple, faire des assises pour uniformiser les règles à appliquer pour juger leurs sujets.
De même, les tradi-praticiens et guérisseurs traditionnels devraient unir leurs efforts, partager leurs connaissances sur les maladies et les moyens de les guérir. Ils pourraient aussi s’engager ensemble dans la recherche contre certaines maladies qui déciment les populations. Une fois l’union des légitimités traditionnelles réalisée, le problème de la prééminence entre celles-ci et les légitimités élues pourrait cependant se poser. Il faudra travailler à une coexistence pacifique entre ces deux légitimités qui devraient se compléter et se soutenir. Il serait alors positif de reconnaître à chacune sa place et que les gouvernants consultent les rois, dignitaires et sages avant de prendre certaines décisions engageant les communautés.
Les légitimités non élues doivent être institutionnalisées, par exemple aux côtés des députés, sans pour autant devenir des hommes politiques. Cette institutionnalisation aurait, de plus, l’avantage de constituer un contre-pouvoir face à l’hégémonie d’une classe politique qui ne vise pas toujours l’intérêt supérieur du peuple. Si l’on prend le cas des dernières élections municipales au Bénin, il est regrettable qu’au bout de plusieurs mois, des conseils municipaux ne soient pas installés. L’institutionnalisation des légitimités non élues pourrait permettre d’aplanir ce genre de difficultés car elles pourraient faire la médiation pour tempérer les ambitions des acteurs politiques. Cette institutionnalisation des légitimités traditionnelles est nécessaire car celles-ci sont très respectées et craintes par les cadres et hommes politiques, qui avant les élections ou les remaniements ministériels viennent passer des nuits dans les couvents et faire des sacrifices afin d’être élus ou promus. Mais une fois leurs vœux réalisés, ils méprisent ceux qui les ont aidés et demandent des messes d’action de grâce dans les églises. Cela crée une concurrence et une animosité entre les religions traditionnelles et les religions importées. L’Etat a le devoir impérieux de rétablir le respect dû aux légitimités tradtionnelles.
Cas paroles proviennent d’un véritable chef coutumier qui tient absolument à la conservation et à la promotion des valeurs traditionnelles. Seulement l’on ne saurait tourner définitivement le dos au développement sous prétexte que les valeurs traditionnelles et endogènes de l’Afrique se suffisent et peuvent impulser le développement. Ce serait refuser le développement que de penser cela. Cependant, l’Afrique a cette chance de disposer encore d’une bonne réserve de valeurs dans lesquelles elle doit pouvoir puiser pour combler les lacunes que présente le modernisme.
Le roi TOFFA IX GBEZE AYONTINME est l’un des actuels rois de Porto Novo qui en ces temps modernes en compte une bonne demi-dizaine. Celui-ci est expert maritime de formation. Il est aussi membre du Conseil Supérieur des souverains