Par BOCO Judith, FATINDE Victor. HMT (Ouidah, septembre 2008)
Depuis 1992, sous l’impulsion de l’ancien Président Nicéphore SOGLO, le 10 Janvier 1992 est devenu un jour férié au Bénin. Célébrer cette journée a été un pas décisif pour réhabiliter le culte vodoun, la religion pour la majorité des béninois et d’une grande partie de la diaspora africaine.
Le vodoun est une religion ignorée, souvent reléguée au rang d’idolâtrie. La journée du 10 Janvier déclarée journée chômée et payée, permet aux chefs religieux traditionnels du vodoun de célébrer leur festivités sur toute l’étendue du territoire national avec l’assistance et le concours des légitimités élues. Au cours de ces manifestations qui se déroulent dans tous les départements, les dignitaires d’autres religions (catholique, évangélique, etc.) sont invités et y assistent effectivement. C’est dire donc qu’aujourd’hui plus qu’hier les religions s’acceptent mutuellement. Pour preuve de la tolérance des religions, le Pape Jean Paul II, en voyage apostolique au Bénin en Février 1982 a reçu en audience certains rois et chefs traditionnels.
Karim est musulman et pratique le vaudou en plus du fait qu’il soit guérisseur traditionnel bien connu. Son fils aîné est devenu prêtre catholique. Le jour où ce dernier devrait être ordonné, Karim son papa était au premier rang avec ses amis du culte vodoun. Leur présence n’a en aucun cas entamé les manifestations. Ceci dénote de la maturité des uns et des autres dans le domaine de la religion.
L’inclusion de la fête des religions traditionnelles parmi des fêtes et manifestations officielles au Bénin est diversement appréciée des populations.
Il y a l’évidence. La plupart des Béninois restent accrochés à une forme de syncrétisme culturel ou les cultes ancestraux ont toute leur place. Les en dissocier, c’est créer en eux une sorte de vide, une césure avec la terre nourricière et génératrice.
Pourquoi alors, au nom d’un pseudo développement en viendrait-on à vider de sa substance ce qui fait la valeur intrinsèque de l’homme noir?
Monsieur Fatindé Victor est juge au tribunal de première instance de Ouidah, ville esclavagiste située à une quarantaine de kilomètre de Cotonou.