Difficile formation du Bureau du Conseil Rural de Porokhane

Au Sénégal, le 19 mars 2000, à l’issue de la présidentielle, le candidat du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) a été élu grâce à une forte coalition de partis, la plupart opposés au Parti Socialiste (PS) resté au pouvoir depuis l’indépendance en 1960. Paradoxe : le marabout, très influent dans la zone, avait pris fait et cause pour le candidat PS ; il avait même donné la consigne de voter dans ce sens. Et que fut grand ce renversement de situation !

En 2002, ce fut le tour des élections locales, donc rurales en l’espèce. Cette fois-ci, la revanche de la coalition dénommée CPC (Cadre Permanent de Concertation de L’Opposition né après les législatives de 2001), avec le PS comme tête de file, contre le nouveau pouvoir, se confirma au grand dam du marabout qui, à tort ou à raison selon certaines rumeurs se serait rangé du côté du nouveau pouvoir. Elle sortit nettement victorieuse dans la communauté rurale de Porokhane ( arrondissement de Paoskoto, département de Nioro du Rip, région de Kaolack) parce que sa liste présentée aux populations était porteuse d’espoir.

Donc cette liste ne portait que l’empreinte de ceux qui avaient refusé le « Ndigël » (injonction donnée par le marabout) ou qui n’étaient pas enclins à jouer la carte du Marabout comme l’actuel président de la communauté rurale (PCR) qui a toujours entretenu des relations étroites avec ce dernier. Et pour cause, il était convaincu qu’on ne pouvait pas gérer la communauté rurale sans l’accord du Marabout. Certains qui figuraient sur cette liste victorieuse nourrissaient l’ambition de devenir PCR, quelle que fût la coloration politique.

D’ailleurs, ils avaient des difficultés même à tenir des réunions dans le village à cause de leur appartenance à des partis « opposés » au marabout. Avec la nouvelle donne, il s’en est suivi ce que dit le proverbe wolof « sàcc ndënd yombona waye fo ko tëgge mo jaffe » dont voici une traduction littérale : « voler un tamtam est chose aisée, mais le plus difficile est de trouver un endroit où le taper (sans être pris en défaut) ».

Qui doit être alors le PCR parmi les candidats victorieux de cette liste du CPC ? Personne n’a osé vouloir diriger la communauté malgré cette large victoire. Même les proposés ont renoncé à l’offre. Une réelle situation de blocage politico administratif. C’est dans ce contexte que survint l’affectation d’un nouveau Sous Préfet à Paoskoto (Chef-lieu dont dépend la communauté).

Saisi du dossier, il entama des concertations, recueillit des données, les exploita et enfin, le hasard ne venant jamais seul, un fidèle « talibé « dévoué en l’occurrence I. T. militant de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) ayant cultivé une approche vers le marabout fut proposé candidat au poste de PCR. Il ne s’y attendait pas. La diplomatie du Sous Préfet fut mise en branle en direction du Marabout. Rencontres, concertations, échanges ont finalement permis d’installer l’équipe.

Après quelques années ; constat du vécu et par la force des choses le PCR militant de l’AFP et son adjoint du PS rejoignent le PDS aussitôt après leur rencontre avec le Président de la République.

Cet acte a failli être la goutte qui allait faire déborder le vase. Personnellement j’en ai joué un rôle d’apaisement lors de leur première rencontre pour rendre compte de leur décision d’adhérer au PDS.

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