Par Mory Condé (septembre 1934)
Ce conflit domanial transfrontalier entre les villages de Dalakan(Guinée) et de Sidadjouba(Mali) date de 1946. Les habitants de Sidadjouba sont des guinéens qui se sont installés d’abord à Dibidjana dans la sous préfecture de Kantoumania puis à Limbana dans la sous préfecture de Morodou. A la suite d’une mésentente avec les habitants de Limbana, les habitants de Dalakan les ont installés à côté de leurs terres cultivables à Sidadjouba sur l’autre rive du fleuve Sankarani, fleuve qui arrose la Guinée et le Mali. Après les indépendances et le tracé des frontières, le village de Sidadjouba s’est retrouvé dans la partie malienne mais les habitants de Dalakan ont continué à aller dans leurs champs se trouvant de l’autre côte du fleuve Sankarani.
Au cours de l’année 2006, de l’or a été découvert dans la zone où se trouvent les champs des habitants de Dalakan, les populations de Sidadjouba ont alors interdit aux populations de Dalakan de traverser le Fleuve. Devant leur refus, ils ont égorgés deux enfants de Dalakan et ont remis les corps aux mères des victimes. Devant cet acte abominable, les populations de Dalakan en collaboration avec les villages voisins ont fait une descente à Sidadjouba tuant, massacrant et détruisant tout sur leur passage.
Les populations de Sidadjouba ont ensuite informés les militaires maliens de la découverte de l’or et de la situation conflictuelle entre les deux villages. Les militaires maliens à ont aussi à leur tour interdit aux habitants de Dalakan de se rendre dans leurs champs en se postant le long du Fleuve Sankarani et en prétextant que la zone aurifière se trouve dans la partie malienne.
Au mois de Juin 2007, le Gouvernement Guinéen a envoyé une délégation à Dalakan pour résoudre le conflit mais devant le refus des populations de Dalakan de recevoir la délégation officielle ; le Gouvernement Guinéen a fait appel au REFMAP pour résoudre le conflit entre les deux villages frontaliers.
Le Réseau des femmes de la Mano River pour la Paix (REFMAP) a fait appel aux femmes, jeunes, sages, chasseurs, griots, féticheurs, religieux et doyens des villages voisins de Dalakan (Kiniéni, Balandou, Morodou Centre, Limbana, Manfèle) et aux responsables des chasseurs, féticheurs, religieux ,griots et doyens de toute la Haute Guinée pour non seulement les sensibiliser sur l’importance de la paix mais aussi les faire comprendre que les habitants de Dalakan et de Sidadjouba sont des frères d’une même famille et que c’est la colonisation qui les a séparée. Le REFMAP a demandé une assistance alimentaire au PAM (Programme Alimentaire Mondial) pour les habitants de Dalakan et ceux-ci ont accepté de maintenir de bonnes relations avec leurs frères de Sidadjouba en attendant que le Gouvernement Guinéen trouve une solution pour le tracé de la frontière Guinée Mali.